EN plus de la pression fiscale qui vient alourdir les charges des entreprises privées et publiques, la question de la dette de l’État envers ses fournisseurs devient une menace sérieuse quant à la poursuite des activités de ces entreprises. À cause des impayés de l’État, les entreprises, bras armé du tissu économique, risquent d’être détruites. Ainsi constitué, ce socle du tissu économique risque de s’effondrer et l’effet domino touchera ainsi tous les entrepreneurs quelle que soit leur taille.
Le 14 juin 2020, l’ancien Chef du gouvernement avait pourtant promis de régler les créances de l’État par tranches et qu’il continuera de le faire jusqu’à l’apurement de toutes les dettes qui s’élevaient à l’époque à 8,5 milliards de dinars d’impayés accumulés au fil des années, au titre de créances, de dettes contractées auprès des entreprises publiques et de subventions non réglées, outre les trop-perçus de TVA, afin de permettre aux entreprises concernées de poursuivre leur activité. Sauf qu’avec la pandémie et la lenteur des négociations avec les principaux bailleurs de fonds étrangers qui piétinent toujours, plusieurs chefs d’entreprise se trouvent confrontés à des procès en justice pour chèques impayés.
A titre d’exemple, les créances de la Steg dues par l’État atteignent 2,5 milliards de dinars, ce qui la rend incapable de continuer d’investir, ou de la Sonede qui ne peut plus renouveler ses installations vétustes et qui enregistre 40% de pertes d’eau acheminée en raison de cette situation. La situation est aussi périlleuse pour l’investissement direct étranger, telle que pour le groupe Boukhater, dont l’avancement des travaux du mégaprojet Tunis City Sports dépend du raccordement de ses lotissements aux réseaux de l’Onas, de la Steg, de la Sonede et de Tunisie Télécom. Cette situation est aussi inquiétante pour les dizaines de propriétaires de boulangeries à Sousse qui, pour non-paiement de leur dû depuis dix mois, ont décidé de s’abstenir à leur tour de s’acquitter des impôts et de leurs cotisations à la Cnss… De ce fait, l’insolvabilité de l’État pourrait devenir non plus un problème comptable mais un problème social avec plus de chômage et plus de colère.